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« Autour de ma pierre, il ne fera pas nuit » de Fabrice Melquiot et mis en scène par Sébastien Bonnabel …Une comédie en huis clos à la poésie noire et fascinante…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La scène s’illumine sur un air de Rock entraînant le public  nombreux  que nous formons tandis qu’un chanteur -impec dans son perfecto-  se moque de son pianiste qui s’oublie dans ses notes alors qu’il aimerait bien en placer une !

 

Notons qu’Elvis Presley, The King , sera le personnage récurrent dans cette comédie sombre où les morceaux parfois repris par les personnages sublimeront tout au long de la pièce , la violence portée par les maux, la misère  et la mort : celle du héros, un pilleur de sépultures qui ce soir là, devant nous, outre tombe se raconte …

 

Le texte de Fabrice Melquiot est cru, acéré et d’un réalisme si sombre qu’il en devient poétique .L’histoire dramatique est portée à la scène avec brio par Sébastien Bonnabel .Elle dépeint une fresque noire, familiale centré sur le récit de Dan, dont le Dieu s’il existe est incarné par son idole, le roi du Rock N’Roll, Elvis…Mais Dan est mort…Lui et son jeune frère Ivan qui vient de tomber fou amoureux – pillaient des tombes rêvant avec leur butin de partir vivre en Suisse, paradis fiscal de la toute puissance manne financière.

 

L’action est brutale et se déroule telle un film noir, quelque part dans la ville de Naples autour de deux lieux perdus et charriant la mort et le danger :le cimetière et le Belvédère…Cette nuit là, alors que Dan s’apprête à défaire une jeune  morte, Eleanor Sanz, de sa bague en lui coupant le doigt, un coup de feu retentit, tout bascule alors et Dan meurt.

 

Cette comédie satirico-poétique interpelle par la force de son texte et de ses personnages qui incarnent la déshumanité- oserais-je dire une forme de notre humanité ?-…

Le metteur en scène Sébastien Bonnabel prend le parti d’une mise en scène que nous qualifierions en rideau : elle rappelle en effet, le théâtre de marionnettes ou la piste d’un cirque bien que tout se déroule sur un plan linéaire et horizontal.

 

De part et d’autre d’un champ de la scène, tour à tour chacun apparaît : ils s’impriment  dans leur propre histoire-entre mensonges et vérités- ainsi révélée comme sur une pellicule cinématographique ou alors  ils disparaissent telles des ombres , tandis que le spectre de la morte au doigt coupé tente désespérément de les happer au fil de leurs récits aux couleurs sombres .

 

En voyeurs, nous ne pouvons détacher les yeux du plateau…Tout se déroule comme dans un film noir : les affres racontés des amours d’antan et ratés entre Dan et Dolorès qui ira jusqu’à le provoquer dans la mort, le coup de foudre d’Ivan pour la pétillante et innocente Laurie, prête à s’offrir au sacrifice de l’amour telle Juliette pour son Roméo …La touchante fragilité de ce père endeuillé, Lullubay, un travesti en errance  comme chacun de ces protagonistes …Seule touche d’une incongruité faussement joyeuse :le poète alsacien, au nom absurde ou prédestiné -de  Juste , égaré dans le cimetière alors qu’il est à la recherche de filles pour s’éclater .

 

Cette comédie au couteau est une tragédie dont le fil rouge est ainsi conduit  par le personnage de Dan, tué  d’un coup de révolver ce soir là et par La Mort, incarnée par le fantôme d’Eleanor Sanz. La distribution est bien choisie avec un coup de cœur pour le père, Eric Chantelauze -d’une grande justesse et d’une vraie et émouvante prestation. Florent Chesné est excellent dans son rôle de poète illuminé tout comme la prometteuse Marie Hennerez. Les acteurs n’en portent pas moins tout aussi bien leur rôle : Dan/ Philippe de Monts ; Ivan / Kevin Rouxel et enfin Barbara Le Toux/Dolorès- qu’on aurait aimer cependant voir parfois plus subtile dans son jeu tant le texte est puissant notamment dans le monologue-.

 

Les créations lumière et son, la scénographie, la présence de la musique et celle jouée par le pianiste, le choix des costumes, tout contribue au succès de ce spectacle très mature.

Le public reste fasciné comme  porté : il entre parfois aussi en interaction…

 

La Cie du Libre Acteur nous livre là une authentique création .Ainsi, nous vous  invitons à  voir ou à revoir cette pièce en puzzle, dés la rentrée prochaine : « Autour de ma pierre, il ne fera pas nuit » revient au Théâtre Clavel les 10,11 et 12 septembre 2013.

Puis elle sera à l’affiche les 4,5,6 et 7 mars au 20 è Théâtre. Nul doute que bien d’autres représentations sont à venir.

 

Safia Bouadan

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