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Cabaret Dada 1916-1950 au Théâtre de Nesle…Un spectacle musical sur le Dadaïsme , un mouvement européen littéraire et musical au souffle artistique nouveau et révolutionnaire qui ne remplit hélas pas ses promesses.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La libre interprétation  dramatique est ici voulue et assumée dés le début  dans cette pièce musicale dont la trame retrace les années  et moments forts du dadaïsme à travers les échanges entre trois personnages clés vivant chacun dans leur monde : un pianiste, un intellectuel poète écrivain roumain rappelant le fondateur  à l’origine du mouvement Dada ,Tristan Tzara et une cantatrice allemande .
Une mise en scène scénographique illustre le propos des artistes par deux blocs muraux-originale création de Jean Pierre Schneider et belle lumière de William Orrego Garcia- .Le fond de scène est en effet décoré de panneaux mobiles où se croisent et s’entrecroisent personnages, images, documentaires visuels et textes poétiques-.


L’idée originale du spectacle vient de la soprano Blandine Jeannest de Gyvès –jouant aussi  dans le rôle réaliste de la cantatrice allemande-. Et c’est  effectivement intéressant de vouloir  représenter ce mouvement dans  une vision  personnelle actuelle , en  revisitant de merveilleux auteurs tels que Guillaume Apollinaire, Henry Miller, Pier Paolo Pasolini ,Anaïs Nin,la célèbre prostituée et peintre suisse Grisélidis Real ou encore Robert Desnos et Boris Vian .

Par ailleurs, les textes  sont aussi bien illustrés avec les célèbres morceaux  de musique  traversant un vrai répertoire parmi les compositions de Kurt Weil à Georges Gerschwin en passant par la musique tonale de Arnold Schoënberg  ou celle de Bela Bartok …


De plus, tous ces morceaux sont joués en acoustique par le pianiste- interprète-acteur du cabaret Dada  .Notons l’excellente prestation de Ludovic Selmi dont la sobriété et la justesse de jeu aussi compensent le manque de simplicité des autres personnages qui s’enflent parfois trop à notre goût dans leur chant ou leur prose. Ils semblent  oublier en effet que le public  peine  vraiment à suivre les méandres de la vie chantée et racontée des personnages qui plus est dans la langue de Goethe la plupart du temps.

 

La mise en scène de Richard Leteurtre-aussi dans le rôle de l’écrivain poète- bien que le sentant proche de la cantatrice -auteur du projet  est décousue .Nous en perdons le plus souvent le fil conducteur dramatique  et l’évocation du personnage féminin disparaît au profit d’un récital très chanté –trop peut être, même si la voix est belle- . Le premier tableau  est sensé nous plonger dans la poésie  d’un personnage féminin tragique et désenchanté qui a perdu ses dix sept ans mais la voix est par trop présente et elle gomme l’émotion qui aurait dû nous gagner tant les mots sont beaux .Le choix du costume n’est pas non plus des plus appropriés .Et c’est ainsi que nous nous noyons dans des mots , des images et des  scènes versifiées ou chantées avec  un peu trop d’emphase pour notre part .

 

Le choix de mise en scène nous amènent à réfléchir sur les concepts psychanalytiques d’Eros et de Thanatos , ceux de la pulsion de vie et de mort décrits par Sigmund Freud ayant vécu à cette époque: on évoque ainsi le récit d’un jeune combattant , celui d’une prostituée ou d’un intellectuel , poète en panne d’inspiration…

 

Ici, tous les personnages incarnés sont enfermés dans un monde sans avenir et sans souffle idéaliste . Dans cette histoire complexifiée à souhait, tout y illustre un idéal perdu que l’on veut retrouver : la passion amoureuse y est déchue, la liberté … sacrifiée malgré une révolution en marche.

 

Les passions  sensuelles, esthétiques et/ou populaires gagnent une Europe embourgeoisée et nazifiée .L’hymne à la vie viendra nous délivrer avec  la  célèbre chanson « Lili Marlène »  -laquelle a été incarnée par l’inoubliable actrice et résistante activiste , Marlène Dietrich …
Alors que le but de ce spectacle musical est de nous porter voire de nous transporter dans le monde --é-perdu du Dadaïsme, nous assistons au final  à des tableaux si intellectualisés que nous nous demandons si cette pièce n’est pas réservée au seul public d’initiés ou d’élite à qui elle semble s’adresser.

 


A l’affiche tous les lundis à 20h30 dans le très beau Théâtre de Nesle niché au cœur de Paris.

 

Safia Bouadan

 

Distribution :Blandine Jeannest de Gyvès, Richard Leteurtre et Ludovic-Amadeus Selmi

 

crédit photo :DR

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