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Interview de Pascale Bouillon.

Pour son adaptation et interprétation de l'oeuvre de Stefan Zweig "24 heures de la vie d'une femme" mis en scène par Patrick Rouzaud actuellement à l'affiche au Théâtre Le Guichet Montparnasse.




S.B : Pascale, tu es actuellement à l'affiche dans un seul en scène au Théâtre du Guichet Montparnasse pour cette magnifique œuvre de Stefan Zweig "24 heures de la vie d'une femme " que tu as adaptée et que tu joues jusqu'en janvier 2017 ? Qu'est ce qui t'a amené à cette création ? Et comment as tu procédé pour l'adaptation de ce livre à la scène ?


P.B : "Vingt-quatre heures de la vie d’une femme » est un coup de cœur pour un auteur, pour l'élégance et la richesse de son style. A l'origine cette œuvre est une nouvelle, donc il était indispensable d'en faire une adaptation théâtrale pour lui donner vie sur scène. Elle a consisté principalement à resserrer les événements autour de l’héroïne et de ces vingt-quatre heures, après l’élaboration d’une courte introduction en voix off qui resitue les circonstances du drame.

Pour m’imprégner pleinement de l’univers de Zweig, j’ai lu d’autres œuvres bien sûr mais également toutes les traductions qui existaient de cette nouvelle, afin d'en appréhender chaque subtilité et de m'en inspirer.

En repartant de l’œuvre originale, j’ai ensuite réécrit complètement le texte, selon ma propre sensibilité, en ayant à l’esprit l’idée de rester la plus fidèle possible à l’intrigue initiale, le souci de donner à cette adaptation un rythme dramatique soutenu et la volonté de conserver toute la saveur et la délicatesse de l’esprit de Stefan Zweig.

Les premières séances d’apprentissage et de répétition m’ont permis de valider le choix d’un terme, de vérifier l’équilibre d’une phrase, de mesurer la résonance des mots à partir de ma voix et des émotions ressenties.


S.B : Comment s'est faite la rencontre avec le metteur en scène Patrick Rouzaud? Comment avez vous travaillé ensemble ?



P.B : Avec Patrick Rouzaud, c'est notre 6ème ou 7ème collaboration. La première fois, c'est moi qui l'ai mis en scène dans « Un Mari idéal » d'Oscar Wilde, ensuite, c'est lui est est devenu le metteur en scène, un peu « attitré » de la compagnie, depuis Jean et Béatrice de Carole Fréchette. On a travaillé sur des registres très différents, des pièces contemporaines ou classiques, des textes dramatiques ou des comédies légères voire des vaudevilles ! Ce qui nous a permis de bien nous connaître et de nous rendre compte qu'on a souvent la même vision des choses. Chacun apporte des éléments. Il y a beaucoup d'échanges entre nous. On teste, on voit ce qui fonctionne ou pas. Le travail est toujours très agréable.


S.B : Vous faites de ce personnage féminin , un personnage romantique qui reste une femme d'aujourd'hui. Qu'en penses- tu ? Était-ce votre choix dans votre vision de mise en scène?


P.B: Ce texte écrit dans les années 1920 raconte l'histoire d'une femme à la fin du 19ème siècle mais outre le style de Zweig qui est indéniablement moderne, il développe aussi des thèmes universels, intemporels comme la passion amoureuse ou l’addiction au jeu. C'est pourquoi, on peut facilement s'identifier à l'héroïne. C'est avant tout une femme amoureuse qui se laisse emporter par la passion. On en connaît tous. Certaines d'entre nous sont peut-être aussi passées par là. S.B :Quels ont été les moments les plus forts dans le travail d'incarnation de cette femme ?


P.B : L’objectif premier de la mise en scène et de l'interprétation est de donner à entendre ce texte fort, riche, dense qui dépeint des émotions profondes, violentes. Le prologue enregistré en voix off place d’emblée le spectateur en position de confident.

Par l’évocation d’une histoire passée, il assiste peu à peu à la résurrection des faits et des sentiments et il bascule, en même temps que la narratrice, dans un flash-back des événements, pour revivre avec elle le surgissement de la passion et du désir dans toute sa splendeur et ses variations : retenue, peur, exaltation, ardeur, déception, ironie, distance …

La difficulté majeure c'était de ne pas tomber dans le pathos. Il est très facile sur ce type de pièce de se laisser emporter dans un tourbillon émotionnel. Mais le texte et l'interprétation sont plus forts si l'on arrive à maîtriser ces élans et à les nuancer.

S.B :Qu'elles sont les réactions du public? Quels sont les mots qui reviennent le plus? Un compliment ?


P.B : Il y a tout d'abord une écoute extraordinaire. Je la perçois très bien. Les gens sont très attentifs et le retour le plus fréquent, c'est qu'ils se laissent happer par le récit, d'entrée de jeu et qu'ils ne décrochent plus jusqu'à la fin. C'est un compliment formidable. C'est un pari réussi, de les entraîner dans cette aventure haletante, sans qu'ils ne voient le temps passer. Ce qui me fait très plaisir aussi, c'est qu'on me dit souvent que je suis restée très fidèle à la nouvelle de Zweig. C'était pour moi une priorité.

S.B : Que souhaites tu leur transmettre comme message ?


P.B : Je n'ai pas réellement de message à faire passer. J'ai surtout l'envie de leur faire découvrir ou redécouvrir cette nouvelle ou pour ceux qui ne connaissaient pas encore Stefan Zweig, leur donner envie de lire les autres œuvres. Tous ses textes

sont de pures merveilles.

S.B : Si tu devais te projeter au 19ème siècle, qui serais tu?


Une héroïne romantique et passionnée très certainement …. échappée du théâtre de Victor Hugo ou des romans d'Alexandre Dumas !!

S.B : Quels sont les retours en presse? Une actualité ?


Nous avons eu la chance d'avoir quelques articles très élogieux, notamment dans « Froggy's Delight » et « Toutelaculture.com » et ce qui nous touche particulièrement, c'est que l'ensemble du travail est salué : l'adaptation, la mise en scène et l'interprétation. Que demander de plus ?


Le 23 Mars prochain je participe à « La semaine de la langue française » organisée par la bibliothèque de Vaugirard à Paris. J'y interpréterai des contes de Maupassant.


S.B : Votre vœu si vous en aviez un à faire ?


P.B : Pouvoir prolonger l'aventure au-delà de fin janvier, bien sûr. Rejouer sur Paris au Guichet Montparnasse ou ailleurs ou bien partir en tournée, ce serait formidable. On est déjà sur quelques pistes. J'espère bientôt avoir de bonnes nouvelles à vous annoncer. En attendant, la pièce est programmée tous les jeudis à 20h45 jusqu'au 26 janvier 2017 au Guichet Montparnasse, y compris pendant les vacances de Noël.


Propos recueillis par Safia Bouadan pour "L'Onde Bleue"


Distribution :

Adaptation et interprétation :Pascale Bouillon

Mise en scène :Patrick Rouzaud

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