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Portrait-interview de Diane Stolojan.

Artiste peintre et comédienne en vue de son exposition à la galerie Sonia Monti à Paris.


S.B : Bonjour Diane Stolojan. Diane, tu viens d'exposer certains de tes tableaux avec succès au Salon international d’art contemporain, Art 3f, et tu vas aussi exposer à partir du 3 Juillet à la galerie Sonia Monti. Je te remercie d'accorder cette interview à "L'Onde Bleue : Regards et Créations ». D'où te vient cette passion de peindre ?


D.S: La peinture est une passion qui fait partie de moi depuis l’enfance, comme tout ce que j'ai pu entreprendre dans le domaine artistique, c’est mon mode naturel d’expression. J'ai toujours aimé les crayons et les pinceaux, jouer avec les couleurs. Mon regard se portait déjà sur l'extérieur, sur ce qui m'entourait, sur la nature et curieusement aussi sur l’environnement urbain. Toute petite, on affichait mes dessins en classe, je regardais par la fenêtre et je dessinais ce que je voyais. Le ciel était toujours présent dans mes « tableaux » enfantins.


S.B: Oui, on retrouve cette volonté de placer l'environnement urbain et la nature dans tes tableaux actuels dont le triptyque "Les lumières de la ville " chapitre 1, chapitre 2 et chapitre 3 ?


D.S : Oui, la nature qui s’efface au profit de ce que construit l’homme m'influence beaucoup dans ce que je crée. Cela joue effectivement un rôle majeur dans mes inspirations. Et le ciel est encore présent, symbole d’espoir et de lumière.


S.B : Ton enfance a donc été bercée par l'art ?

D.S: Tout ce qui touche à l’art m'a toujours intéressé, passionné : le dessin, la peinture, la comédie, la musique ou la danse, mon premier amour.

J’ai été sélectionnée pour devenir petit rat à l’Opéra de Paris, cinq-cents candidates retenues, je n’ai pas été parmi les neuf admises à l’examen d’entrée après un entraînement intensif journalier de trois mois. A neuf ans, le monde s’écroulait. Je ne pouvais plus regarder un ballet sans pleurer. Je n’ai pas eu le courage de me représenter.

Plus tard, cela m'a donné la force d’aller jusqu’au bout de ce que j’entreprenais, de croire malgré les échecs rencontrés sur ma route que je pouvais réussir, de persévérer.


S.B : Quand as-tu compris l’importance de l’art dans ta vie ?

D.S : L’art a toujours été présent dans ma vie, une nécessité, ma passion. Et je pense que les arts se complètent, se nourrissent entre eux. Je me souviens, adolescente, en vacances chez des amis, j'ai eu le premier prix sur la plage de Deauville au concours "Le petit chocolat Poulain en vacances". Je l’ai représenté faisant la chasse aux papillons.

Vers quinze ans, je peignais des blasons de familles que je reproduisais à l’huile sur des petites toiles, des commandes de particuliers, ce qui m'a permis de payer une partie des frais de ma scolarité à l’école française de Munich dont je suivais l’enseignement et de pouvoir poursuivre jusqu'au baccalauréat. Après la danse, c’est le théâtre qui m’a passionnée, je suis montée sur les planches pour la première fois à l'âge de dix-sept ans, à l'Institut espagnol de Munich pour jouer dans "La guerre de Troie n'aura pas lieu " de Jean Giraudoux. Je devais interpréter le rôle d'Hélène mais par rapport à ma voix et ma maturité, j'ai finalement été choisie pour celui d’Andromaque.

Après mon baccalauréat, je suis revenue en France prendre des cours de théâtre. Parallèlement j’ai fait des études sur la période du peintre « Il Caravaggio »dit « Le Caravage» et de ses contemporains à l’université de Paris III.


S.B : Pourquoi le choix d’« Il Caravaggio » ? D.S : Je pense que c'est la lumière qui m'attirait particulièrement, un appétit de ses toiles, de mes ressentis par rapport à son univers, cette lumière captivante. Mais cela, c’est de la théorie. En prenant des cours, j'avais besoin de toucher à tout : l'aquarelle, la gouache, différents supports et matières, puis d’en détourner les principes. Par exemple, mes aquarelles ont des couleurs très vives, intenses, elles sont parfois comme des huiles. J’aime voir la vie en couleurs. S.B : Parlons de tes origines qui sont donc roumaines et yougoslaves, tu es pluriculturelle?

D.S : Oui, mes parents ont fui le régime communiste . Ils sont arrivés en France et ils ont tout fait pour m'intégrer dans ce pays où je suis née. J’ai été élevée à la française, c’est ma langue maternelle et ma culture ; je n’ai hélas pas appris le roumain ni le serbo-croate de ce fait. Ils m’ont donné la religion catholique alors qu’ils sont orthodoxes et mon grand-père qui était yougoslave était musulman. J'aimerais aussi avoir des origines juives, peut-être j’en ai, car pour moi le mélange de culture et de religion, c'est une ouverture vers la tolérance, la paix, la vie !


S.B : Cela se traduit dans tes toiles. Tu as fait une préparation aux Beaux-Arts si j'ai bien compris ?

D.S : Plus tard, je suis retournée vivre à Munich où j’avais de nombreux engagements en tant que comédienne. Là, j’ai suivi des cours d'arts plastiques dans différentes écoles, l’Académie des arts plastiques, « Projekt 1 », puis les cours d’aquarelles de Sylvia Sachse, fait la préparation aux beaux-arts, « Studio Zeiler »… Je n’ai pas pu me présenter au concours d’entrée des beaux-arts, j’avais dépassé l’âge limite d’inscription.


S.B : Les émotions, les mouvements présents dans tes toiles illustrent plusieurs univers dans une intemporalité constante selon moi .On ne peut pas vraiment décrire ta peinture ...d'un style représentatif d'une émotion, d'un état fulgurant ? D.S : C'est une invitation, un voyage, une illustration de différentes cultures, une suggestion de ce que je ressens. S.B : C'est sensoriel en fait ? D.S : Oui, ce mot est important car le fait de travailler les matières, c'est le toucher et le ressenti de la main qui se pose sur le tableau. C’est une recherche personnelle et intuitive, instinctive : j’explore celle de mélanger divers éléments, mes mains façonnent la toile. Puis j'emploie des pigments purs à l'huile que j'imprime ou que je caresse du bout des doigts. Il faudra que je me mette à la sculpture ! S.B : On a effectivement l'impression que tu fusionnes et que tu es littéralement visitée par un esprit, le tien? Celui de la nature, de l'univers ?

D.S : Je ne sais pas, je suis possédée, c'est le mot. Quand je commence à peindre, je ne peux plus m'arrêter, à un moment je constate que je n’ai plus assez de lumière et que j’ai oublié de manger. S.B : On retrouve dans tes toiles cet aspect spirituel, tribal ou ritualiste parfois alors que ce n'est pas le concept du départ, concept que nos sens peuvent saisir: Citons certains de tes tableaux ´ " Le choix du destin", Intuition", "Le sixième sens"? Peux-tu nous en parler ?


D.S : Qu’on le veuille ou non, il y a de la magie dans le fait de créer. L’artiste a en lui de nombreux aspects qui lui échappent. Une respiration avant l’inspiration pour se connecter avec son ressenti, laisser vagabonder son imaginaire. Suivre son instinct.

Pour les techniques mixtes, j’avais envie que des personnes atteintes de cécité puissent toucher mes tableaux et ressentir par ce toucher. Cela n’est hélas pas possible, en peu de temps la toile serait usée, détruite. Je suis sensibilisée par toutes formes d’handicap, je souhaiterais que le chemin d'approche vers l’art soit possible pour tous.

S.B: On parlait de clés toute à l'heure...Tu fais du visible dans l'invisible .N'importe qui peut être en sensation avec tes toiles car j'ai pu faire cette expérience du toucher aussi avec l'un de tes tableaux du dos de la main tel, "Le sixième sens ", comme si j'étais interrogée, comme si ce tableau appelait à cette interrogation intime dans ce que l'on n'ose pas être , dire ou ressentir ? C'est cela aussi la rencontre avec ton art pictural ? D.S : Je le pense quand je parlais d'invitation ...En effet, ce que je peins, ce que je vois, est mon ressenti. Je donne un titre et je suggère une lecture, à chacun avec sa personnalité de s’approprier le tableau, de faire appel à son propre imaginaire, de trouver en lui une résonance. C'est comme la queue d'un paon qui s'ouvre ! -rires- S.B : Parle-nous du choix des titres de tes toiles ? D.S : Il m'a paru important de donner des titres à mes tableaux en rapport avec des films, des romans, des poésies pour faire un lien entre la peinture, la littérature, la comédie. Par exemple, ce livre de Calderón de La Barca "La vie est un songe "... Ce sera sans doute le titre d’une de mes prochaines toiles. S.B : Magnifique œuvre qui interpelle et qui amène une réflexion d'ordre intime, spirituel et philosophique comme tes tableaux desquels se dégage une sensation d’harmonie, de retour à la nature et au sens, ce qui semble essentiel pour toi ?

D.S : En effet, l’harmonie est difficile à atteindre, c’est une quête. Je suis traversée par beaucoup de questions, de doutes, de tempêtes, comme le titre donné à deux de mes tableaux ! -rires-

Elle est importante, non pas pour faire du beau, mais pour qu’elle soit présente dans mon moi le plus profond. Il y a toujours cette espérance, une ouverture sur le monde et aussi un questionnement sur le rapport entre les hommes, leur tolérance et sur leur manière de communiquer. Dans le monde virtuel qui nous envahit de plus en plus, ils ne prennent plus le temps de se parler, de s’écouter.

Pour revenir à la nature, elle est sauvage au départ, l'homme en prend possession au fur et à mesure, il construit, il détruit cette nature. Parfois, il en fait quelque chose d'harmonieux aussi mais il lui laisse de moins en moins de place. Pourtant, chacun de nous a besoin de cette nature. Elle est sidérante, inattendue, étonnante, violente, curieuse, magistrale... vitale. S.B : C'est une invitation à réfléchir et à rester au plus proche de ce tout qui nous entoure alors ? Tout ce que tu viens d'énoncer se trouve par exemple dans le triptyque " Les lumières de la ville " et tu dis même qu'on peut changer l'ordre de tes tableaux, et pour d’autres en changer le sens? D.S : Oui, cela dépend. Pour "Les lumières de la ville", les tableaux seront toujours verticaux mais on peut mettre le chapitre 1 à la place du chapitre 2 ou le chapitre 3 à la place du 1... Cela dépendra de l’éclairage souhaité.

Certains tableaux comme "Le jardin de la mer " ou " Intuition" ont plusieurs sens. De ce fait, la signature n'est pas toujours à l'endroit où on l'attendrait. A ce propos, le plus difficile pour moi, c’est sans doute la signature d’un tableau, la dernière empreinte. S.B : La signature est un peu le "J'existe " de l'artiste, elle marque aussi le mot fin ? D.S : Signer à l'huile n'est pas si simple ! -rires- S.B : Tu nous as confié avoir été soutenue il y a quelques années par une galeriste qui vit à Lausanne maintenant ?

D.S : Oui, c'est la première qui m'ait encouragée à Paris. A l'époque, lorsque j’ai rencontré Myriam Viallefont-Hass dans sa galerie du 6 ème arrondissement, elle m'a fait des critiques qui m'ont permis d'avancer en parlant de mon travail. Elle m’a dit : « Fonce , ne perds pas de temps et peins à l’huile maintenant, sur toile, sur de plus grands formats . “ . Jusque-là, c’étaient des gouaches et aquarelles sur papier ou carton de format raisin.

Elle est venue deux ans plus tard à Paris, de Suisse où elle habite maintenant avec un de ses amis peintres pour voir comment mon travail avait évolué. Elle a aimé mon travail, m’a encore encouragée . Tous deux m’ont fait des remarques qui m’ont permis de progresser.

Depuis nous nous sommes vues Myriam et moi plusieurs fois lors de ses visites à Paris, nous échangeons, son soutien est toujours présent et constructif.

S.B: Je te remercie pour ce mot de la fin qui conclut cette riche interview donnée à " L'Onde Bleue : Regards et Créations ".

Nous aurons le plaisir à partir du 3 Juillet de retrouver la peintre Diane Stolojan et de découvrir certaines de ses toiles lors de sa première mise en lumière à la Galerie Sonia Monti, 6 Avenue Delcassé, Paris 8ème, du Lundi au Vendredi de 10H à 19H30 et Samedi de 11H à 18H30.

Puis d’autres toiles seront exposées du 27 Juillet au 7 Août avec le collectif de « l’Académie Internationale des Arts et des Lettres », A.I.d.A.L., dans l’Orangerie du Sénat, Jardin du Luxembourg, 15 rue Vaugirard, 75006 Paris de 11H à 20H. D.S Merci à toi et à " L'Onde Bleue : Regards et Créations " pour ce bel entretien.


Propos recueillis par Safia Bouadan pour « L'Onde Bleue » .

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